Ambiances Nippones...

en images

Mai 2005

Lundi 02 Mai 2005

De Daibutsu en Daibutsu

Comme la météo prévoyait pour mardi (26 avril) un temps un peu gris, nous avons choisi d'aller faire un tour dans Tokyo et de garder l'excursion à Kamakura pour les beaux jours. L'idée était de commencer par un jardin japonais, le temps pour nous de faire un petit pique-nique et pour la petite d'avaler son petit pot... Le Koishikawa Korakuen est parfait, comme jardin, pour ce genre d'activités. La seule chose que nous n'avions pas prévu, ou tout au moins pas avec cette intensité là, c'est la pluie... Une bonne grosse pluie d'orage qui s'est mise à nous tomber dessus par surprise, heureusement au moment où nous approchions de la "Kuhachi-Ya", une petite baraque ancienne transformée pour quelques instants en refuge bienvenu. A croire que j'ai un mauvais karma avec ce jardin : la même mésaventure était arrivée la dernière fois que j'ai voulu le faire découvrir à un visiteur! Alors que la pluie commençait à se calmer un peu, deux dames japonaises nous ont donné une petite bâche en plastique transparent, juste de quoi protéger la petite dans sa poussette sur le trajet nous séparant de la sortie du jardin. Nous y avons trouvé quelques parapluies transparents à acheter, de quoi s'abriter un peu plus efficacement pour finir la promenade... Quand nous sommes arrivés sur Ginza, il ne pleuvait presque plus, et après un passage chez Muji les nuages avaient eu le temps de se disperser. C'était très sympa, chez Muji : il y a une aire de jeu où les petits peuvent jouer pendant le shopping des grands. Puis on a parcouru les différents étages du TIF (où les toilettes ont visiblement des boutons d'alarmes qui ressemblent à s'y méprendre aux boutons de chasse d'eau...) pendant la tombée de la nuit, avant de refaire un petit tour dans Ginza pour profiter des lumières du quartier (et ne pas rester sur l'impression forcément un peu décevante qu'il laisse de jour) et de repartir sur Wako-Shi.

Mercredi, petite promenade dans les environs de Wako-Shi, pour aller voir le trésor caché de Tokyo : le Daibutsu d'Akatsuka, un grand Bouddha situé un peu hors des sentiers battus et de fait peu cité par les guides touristiques, mais qui vaut quand même largement le détour. En sortant de la station, en voulant faire un détour par les petites ruelles bordant la route plus passante, nous avons raté le bon embranchement, et de tours en détours le chemin s'est allongé quelque peu! L'occasion de pratiquer un peu le japonais pour demander la route, et d'acheter une belle planche de timbres dans la petite poste où les employées se sont mises à trois pour nous indiquer sur un plan la bonne direction... Au final, nous sommes arrivés au temple où se dresse le Daibutsu peu de temps avant la fermeture. Ce temple est toujours paisible, le jardin est plein de calme, les minuscules jizos blancs dressés au milieu des azalées contrastent avec la sombre grandeur de la statue du Bouddha... En quittant le Jouren Ji, nous avons à peine eu le temps de profiter du jardin botanique situé à quelques mètres de là. Heureusement que les ruelles d'Itabashi sont agréables, suffisamment pour que s'y perdre soit prétexte à une belle promenade...

Cette journée de mercredi n'était finalement qu'un échauffement pour celle du lendemain... Nous sommes partis assez tôt dans la journée pour Kamakura. Après un petit repas rapide sur la place de la gare, au milieu des hordes d'écoliers coachés de main de maître par leurs guides, se réunissant là entre une visite de temple ou de sanctuaire et un déplacement en train, nous avons pris la Enoden Line pour rejoindre la station d'Hase. Petit moment d'angoisse sur le quai en voyant la foule compacte attendant le prochain départ... Vu la taille des wagons, on a pensé un moment attendre le train suivant, mais finalement il y avait de la place, même pour la poussette! L'après-midi s'est écoulé tranquillement, pendant que nous visitions le Hase Dera et sa belle statue de Kannon, puis le Daibutsu, toujours marqué d'une sereine plénitude. Comme hier au jardin botanique, les pivoines sont nombreuses, énormes, protégées du soleil par quelques ombrelles si japonaises... Le retour par contre s'est avéré beaucoup plus difficile : veille de jour férié et heure de pointe, nous nous sommes donc retrouvés dans une ligne bondée, comme jamais je n'en avais vu à Tokyo. Certaines personnes étaient arc-boutées au-dessus de la poussette, arrivant difficilement à se tenir. Le mouvement de foule à la sortie à Ikebukuro s'est fait heureusement du bon côté, nous permettant de sortir sans encombre au milieu d'un flot humain franchement incontrôlable!

Lundi 09 Mai 2005

Folle journée au Japon

Vendredi (29 avril) c'était "Midori no Hi", le premier des trois jours fériés qui composent la "Golden Week"... Tout le Japon est désormais en vacances pour une dizaine de jours. Pour nous, ce sera une journée de repos... En fin d'après-midi nous faisons juste un petit saut à Ikebukuro, pour donner un avant-goût des quelques boutiques intéressantes et essayer de trouver quelques accessoires pour la petite. La découverte (confirmation, plutôt) du jour aura été l'amour immodéré de la petite pour les voitures : au Toyota Amlux, elle a couru de véhicule en véhicule, heureuse comme tout, poussant même des cris de bonheur devant le nouveau moteur hybride exposé là!

Samedi, nous sommes retournés du côté de Ginza, tout d'abord pique-niquer dans le parc d'Hibiya (sous la menace de deux pigeons perchés au dessus de nos têtes), avant de repiquer sur Sakuradamon pour admirer les abords du Palais Impérial. La petite apprécie particulièrement l'immense réservoir à cailloux que forme la "Plaza" située devant les douves, de quoi en prendre, en machouiller, en jeter pour une vie entière... Difficile donc de quitter cet endroit! Mais il le fallait bien, pourtant. Nous avons continué notre chemin vers Yurakucho, trembler un peu sous la statue de Godzilla et traverser les petits passages sombres, éclairés par les lanternes rouges des restaurants à Yakitori, situés sous les rails de la Yamanote, avant de rejoindre le TIF pour profiter de la Folle Journée au Japon, à quelques milliers de kilomètres de Nantes... Très grand succès visiblement pour Beethoven et ses amis, la foule tokyoïte ayant répondu présent à l'événement. L'esplanade du TIF est pleine de tables et de chaises de jardin, tous les camions vendant de la nourriture ont été mobilisés et sont là pour restaurer le corps pendant que l'esprit profite de la musique...

Pour le dimanche, nous avons choisi une sortie très "famille tokyoïte" : la visite du Zoo de Ueno. Cela faisait un moment que nous voulions y aller faire un tour, la présence de nos visiteurs du mois aura servi de déclencheur... Ce zoo est assez immense, et il est en particulier renommé pour la présence de ses deux pandas géants, Ling Ling et Shuan Shuan. C'est toujours impressionnant (pourtant on devrait commencer à avoir l'habitude, maintenant) de voir comment tout est organisé ici pour la foule : devant l'espace réservé aux pandas, impossible de s'arrêter dans le passage pour prendre une photo ou faire une pause pour admirer ces animaux, il faut toujours avancer, et des gardes un peu trop portés sur le mégaphone sont là pour nous le rappeler constamment! Ceci dit, avoir vu ces deux pandas, même dans ces conditions, restera un souvenir émouvant tellement ces animaux sont beaux, rares et attachants... Le reste du zoo est assez inégal, oscillant entre le banal et le surprenant, certains animaux étant mieux lotis que d'autres. Nous garderons en mémoire les animaux nocturnes, les tigres forcément, les manchots, et bien d'autres, en essayant d'oublier par contre ces pauvres ours polaires tournant en rond dans un espace bien mince pour eux... La visite a été un peu difficile pour la petite, contente de voir tant d'animaux, mais frustrée certainement de ne pas pouvoir les approcher, les toucher! Avant de rentrer vers Wako-Shi, un peu chassés par la pluie, nous avons eu le temps de visiter le Tosho Gu et ses parois dorées, de descendre jusqu'au lac du parc de Ueno pour faire le tour de la petite brocante qui le longe et d'acheter quelques souvenirs, et même de passer rapidement dans Ameyoko désertée...

Mardi 10 Mai 2005

Golden Week

La dernière semaine de vacances de nos visiteurs tombait pendant la "Golden Week", et c'était une bonne chose pour nous tous... En effet, il y a une règle de bon sens au Japon : si deux jours fériés se suivent avec un jour d'intervalle ouvré, ce jour intermédiaire sera lui aussi férié! Cette année, ça tombait bien, il y avait le "Kempo Kinenbi" le mardi 3 et le "Kodomo no Hi" le jeudi 5, le mercredi était donc férié lui aussi... La miss n'a eu qu'à prendre son lundi et son vendredi, comme nombre de Japonais. La plupart des sociétés, des entreprises et des administrations sont fermées, seuls restent ouverts les magasins et les restaurants; les gens partent voyager quelques jours, les prix des hôtels et des transports grimpent en flèche : c'est ça, la Golden Week!

Lundi (2 mai), journée de repos pour la petite, et marathon shopping pour les autres : quelques heures entre l'Oriental Bazaar et Kiddy Land sur Omote-Sando, le Daiso et les boutiques de Takeshita Street, l'après-midi a été rentabilisé, et la petite s'est extasiée devant chaque objet déballé... Le lendemain nous avons repris les visites de Tokyo avec une vision de "Shitamachi", la ville basse, dans un endroit comme épargné par le temps : Yanaka. En sortant de la Yamanote à Nippori, nous sommes arrivés directement dans le cimetière, lieu de promenade apprécié pour son étendue, son calme... C'est là que nous avons fait notre petit pique-nique, entre deux stèles et à l'ombre d'un cerisier, peut-être. Un peu plus loin, quelqu'un jouait de la flûte, des airs assez proches de la musique Shinto. Nous nous attendions presque à voir défiler une procession d'hommes en costumes traditionnels... De là, nous avons ensuite rejoint le centre de Yanaka en longeant Kototoi Dori, puis en zigzaguant dans les ruelles bordées de vieilles maisons en bois, de petits temples tranquilles, de boutiques à la mode un peu passée. Dans l'un des temples, pendant que la petite profitait de l'ombre d'un arbre imposant, nous avons été acheter de l'encens, du vrai qui sent comme dans ces gros brûloirs situés à l'entrée des enceintes bouddhistes : il fallait rentrer dans une maison, c'est une petite dame agée qui nous a accueilli et vendu les batons d'encens, non sans les avoir gentiment allumés... En quittant Yanaka, nous sommes passés au Nezu Jinja, assez proche, pour voir le "Tsutsuji Matsuri", festival dédié aux azalées qui recouvrent les collines dominant le sanctuaire. Vraiment beau à voir... Beaucoup de monde dans la cour, faisant la queue devant l'autel ou devant le stand vendant les habituels "Omikuji", mais aussi dans le jardin, entre les bosquets d'azalées aux teintes allant du blanc pur au rose le plus vif. C'est sympa de voir ce sanctuaire, d'ordinaire plutôt déserté, accueillir autant de monde dans une ambiance si festive...

Mercredi, changement d'atmosphère : après la vieille ville, c'est au tour des buildings de Shinjuku! Mais pour attaquer en douceur nous commençons par le Shinjuku Gyoen, le grand parc s'étendant au sud-est de la station. A la fermeture (sur l'air de "Ce n'est qu'un au revoir", bien sûr), nous avons rejoint Nishi-Shinjuku, le quartier des gratte-ciels. Au pied du Tokyo Metropolitan Government Office, nous nous sommes rendus compte que l'observatoire Sud (le mieux placé) était fermé (comme dit la notice : "si un jour férié tombe sur le jour de fermeture d'un des observatoires, le jour de fermeture sera observé le jour suivant") et qu'il y avait la queue pour monter au Nord... Heureusement les deux ascenseurs sont rapides et spacieux, l'attente a été de courte durée. Nous avons vu Tokyo sous une brume de chaleur assez épaisse, bloquant rapidement la vue à l'ouest (inutile de chercher le Fuji San, donc) mais permettant tout de même de voir Shinjuku à nos pieds, Ginza, Roppongi, et même un peu plus loin Odaiba... De retour au niveau du sol, pendant qu'on attendait que la nuit tombe, la petite a fait une nouvelle rencontre avec une petite Japonaise. C'était amusant de voir ces deux pitchounettes courir et se croiser, se faire du charme. Elles semblaient si petites, au pied de cette immense façade de béton et de verre! Le retour à la station de Shinjuku s'est fait avec un petit détour par Yasukuni Dori, obligatoire pour admirer les lumières des enseignes et profiter de l'activité trépidante de ce début de soirée : musique des karaokés, annonces des restaurants, et foule compacte de rigueur...

Nos visiteurs voulaient garder le dernier jour, vendredi, pour faire les derniers achats et laisser la petite se reposer avant le départ, nous avons donc décidé de finir sur la lancée du Tokyo futuriste, entre Shiodome et Odaiba. Avec le monorail de la Yurikamome, voyage aérien et traversée de la baie de Tokyo en passant sous le Rainbow Bridge, nous sommes arrivés au parc situé près de la station Fune no Kagakukan, au pied du Musée Maritime si reconnaissable. Petit après-midi tranquille, la promenade en bord de mer (on va dire que c'est presque le Pacifique, quand même) se faisant au rythme des allers-retours de la petite, attirée par les chiens, les cours d'eau (elle a visiblement adoré faire trempette), les ballons... Une belle fin de journée sur la baie, avec une visibilité pas exceptionnelle mais une belle lumière, le soleil bas se reflétant sur l'eau et sur les structures métalliques des buildings d'Odaiba... Pour rentrer à Wako-Shi, nous sommes passés par un autre chemin, en rejoignant la Yurakucho Line à Shin-Kiba via Tokyo Teleport (qui malgré son nom futuriste et prometteur n'est qu'une station de métro comme les autres...), un peu plus long (on traverse l'ensemble des 24 stations de la Yurakucho, de terminus à terminus) mais plus tranquille pour manger des galettes de riz et somnoler un peu!

Samedi, c'était déjà le jour du départ... L'inquiétude sur le réveil de la petite plus tôt que d'habitude s'étant révelée sans fondement (cinq minutes après être sortie du lit, elle était déjà à courir après nos gâteaux de petit déjeuner, son grand sourire au visage...), nous avons pu partir pour Narita l'esprit tranquille. Après un dernier petit café tous les cinq, nos visiteurs sont partis embarquer, alors que dehors la pluie avait commencé à tomber, rendant encore un peu plus grisouille cette journée déjà un peu triste. Tous les deux, nous sommes rentrés à l'appart, qui nous a semblé d'un coup bien vide et silencieux...

Jeudi 12 Mai 2005

Nobody Knows...

Depuis que la petite est repartie, nous ne regardons plus "Tonari no Totoro" en boucle matin et soir, puisque le DVD est maintenant avec elle à Nantes... Du coup ce week-end nous sommes passés voir les nouveautés dans notre petit magasin de location vidéo, et on en est reparti avec deux films japonais compréhensibles (i.e. avec des sous-titres en anglais ou en français, quoi). Le premier, un film d'animation des Studios Ghibli (là, clairement, pour pallier au manque de Totoro!) appelé "Heisei tanuki gassen pompoko", raconte l'histoire d'une bande de "tanukis" faisant face avec leurs pouvoirs de transformation à l'arrivée d'une ville nouvelle qui détruit rapidement le paysage, rasant collines et forêts... On y retrouve bien entendu le message écolo présent dans "Mononoke Hime" ou "Totoro", mais le film oscille plus entre la franche rigolade en montrant les aspects les plus festifs de la culture japonaise, et les moments durs car leur avenir est sans espoir. Il est vraiment intéressant car rempli de tout ce qui fait la richesse du folklore nippon : la religion Shintoïste et ses "Kamis", les monstres mythologiques, les parades en costume de "matsuri", etc... Au final une très bonne surprise, qui finira certainement dans nos valises le jour du retour, d'autant qu'il ne doit pas être si facile à trouver en France!

En contraste complet, le deuxième film japonais, "Nobody Knows", est beaucoup plus récent. Nous ne sommes pas allés le voir au cinéma quand il est sorti ici, ce n''était pourtant pas faute d'en avoir entendu parler dans la presse locale et internationale, surtout après le prix d'interprétation masculine qu'il a reçu à Cannes en 2004. Très japonais dans sa manière d'aborder une histoire en ne laissant que très, très peu de place à l'espoir, le film raconte comment quatre jeunes enfants, non déclarés et cachés dans un appartement, sont amenés à se débrouiller par eux-mêmes lorsque leur mère les laisse pour partir avec un homme. De l'insouciance de l'enfance, on passe alors rapidement à l'inquiétude de savoir comment l'aîné, de 12 ans, va réussir à s'occuper de son frère et de ses soeurs. Inspiré d'un fait réel, ce film est très fort parce qu'il est très vrai, particulièrement ici, au Japon, où personne ne fait attention aux autres, où l'indifférence est un fait de société... C'est bien loin de l'univers de Totoro, là.

Mardi 17 Mai 2005

Matsuri à Kanda

En cette période de l'année, les Matsuris sont de retour sur la ville de Tokyo! Trois sont particulièrement importants : le "Kanda Myojin Omikoshi Togyo" qui avait lieu ce week-end, le "Sanja Matsuri" que nous irons voir à Asakusa à la fin de la semaine, et le "Fukagawa Hachiman Matsuri" qui se tiendra en août. Le festival de Kanda se déroulait sur trois jours, du samedi au lundi. Comme le couple de Japonais qui nous avait prêté le lit pour la petite venait le récupérer samedi matin, nous sommes partis après leur visite rejoindre la station d'Ochanomizu et le sanctuaire Kanda Myojin. Dès la grande torii passée, nous nous sommes retrouvés dans une foule clairsemée, pas vraiment importante pour ce genre d'événement, bien loin de ce que l'on a pu vivre certaines fois... Pour commencer, nous avons pu assister à quelques morceaux de "Taiko" dans l'arrière-cour du sanctuaire, toujours plaisant! Cette musique est très entrainante, basée sur le rythme sourd et rapide des tambours, ponctuée des cris d'encouragements vifs des musiciens...

Nous sommes ensuite repartis en direction de Nihonbashi, de nombreux Mikoshi devant être regroupés devant le grand magasin Mitsukoshi situé par là-bas. Les groupes de porteurs devaient suivre des chemins différents, parcourant les petites rues bordant les grandes artères où la circulation doit être plus difficile à bloquer. En suivant les guirlandes en forme de "Shimenawa" Shinto tendues au dessus des trottoirs, nous sommes passé par Akihabara avant de traverser la rivière Kanda pour continuer vers le sud. Du côté d'Ogawamachi, nous avons enfin trouvé les Mikoshi! Dans de nombreuses petites ruelles bordant Chuo Dori, les groupes de porteurs se dirigeant en ryhtme vers Mitsukoshimae, faisant des pauses avant de repartir de plus belle, le Mikoshi parfois porté à bout de bras pendant quelques instants, encouragés par les cris des spectateurs et les coups de sifflet stridents des guides se sont fait de plus en plus nombreux... Devant Mitsukoshi, nous avons vu un défilé finalement assez sympathique, environ quatre cent figurants en costumes des différentes époques d'Edo, avec chevaux, guerriers, prêtres et prêtresses, enfants tirant des chars, musiciens faisant tinter les "Surigane"... Par contre c'est à chaque fois pareil, le défilé ne doit pas gêner la circulation, il occupait donc une file sur les quatre de la rue, et les voitures continuaient de passer pendant ce temps. C'est malheureusement souvent difficile de voir quelque chose à travers un bus ou un camion... Mais bon, pour ne rien rater des costumes, nous sommes repartis dans la même direction que le cortège, simplement plus vite pour en rejoindre la tête. Un moment nous avons cru qu'il sétait évanoui dans la nature, avec cavaliers et tout, le cortège! Mais non, il y avait simplement un espace de quelques centaines de mètres entre deux chars... Le début du cortège a été rejoint vers Akihabara, alors que la nuit commençait à tomber sur la ville, et la miss a ainsi pu me montrer l'homme au masque de Tengu, qui marchait sur des "ippon-ba geta", chaussures improbables, et que j'avais raté au premier passage. Impressionnant! Faire autant de kilomètres perché en équilibre sur une planchette de vingt centimètres de hauteur...

Comment venir à Akihabara sans faire un peu de shopping? Difficile... Nous sommes donc passés dans les petites ruelles de la ville électrique à la recherche de quelque chose à acheter, soit un lecteur mp3 intéressant soit un gadget inattendu (on y trouve vraiment de tout, du cuiseur à oeufs au réchauffe-café USB, de la boite de 100 DVDs enregistrables au pointeur laser à pas cher). Mais à force d'hésiter entre deux ou trois lecteurs mp3 intéressants, nous sommms finalement repartis sans rien! Par contre nous avons découvert une nouvelle boutique, tellement nipponne, proposant une enfilade sur plusieurs niveaux de dizaines de "Gashapon", ces machines où il suffit d'insérer 100 ou 200 yens pour gagner une boule de plastique contenant une figurine. Impressionnant de voir le nombre de séries de personnages différentes, le grand vainqueur dans l'histoire semblant être Bandai, avec les collections Ultraman, Anpanman, Gundam et companie... Le fait est qu'on ne peut pas choisir la figurine que l'on va récuperer, le marché de l'échange ou de la revente doit être assez conséquent quand on connait l'amour des Japonais pour ce genre de collections! A la fermeture des boutiques, nous sommes repartis vers Ochanomizu jeter un dernier coup d'oeil au Kanda Myojin avant de rentrer à Wako-Shi, en se disant que l'on allait revenir le lendemain. Mais dimanche, l'après-midi a été pluvieux, orageux, n'incitant pas vraiment à la "sortie matsuri"! Et lundi, le dernier jour de festival devait se terminer sur une pièce de No jouée à la lumière des torches... Mais le spectacle n'était pas visible, caché sous une immense tente et réservé aux seuls détenteurs de billets achetés longtemps à l'avance.

Lundi 23 Mai 2005

Bain(s) de foule

Mercredi dernier, j'ai abandonné la miss de bon matin pour rejoindre Nikko et son festival du printemps. A mon arrivée, les montagnes environnantes étaient déjà couvertes de nuages, plombant d'un ciel bas et gris le décor un peu tristoune de la rue principale de la cité... Sur la route du Tosho Gu, en traversant la rivière, j'ai enfin pu voir le Shinkyo Bashi, le pont sacré, qui était en travaux de rénovation depuis quelques années et qui était resté caché lors de nos précédentes visites. Très beau, ce pont, même coincé entre une route d'un côté et un hôtel de l'autre (ce que les photos ne montrent pas, en général), avec les montagnes en arrière-plan et l'eau claire qui se déverse à ses pieds! Le caractère sacré du pont (le traverser doit encore porter bonheur pour mille générations, ou quelque chose dans ce goût là) reste quand même l'excuse principale pour le rentabiliser : on peut, moyennant quelques centaines de yens, le traverser... Quoique, traverser reste un bien grand mot, vu que le bord opposé à l'entrée est fermé, il faut donc revenir sur ses pas pour ressortir et prendre l'autre pont, public, pour effectivement traverser la rivière!

Quelques mètres plus loin, au tout début de la zone déclarée patrimoine de l'UNESCO, j'ai trouvé le point de départ du défilé, ainsi qu'une foule compacte et cosmopolite (disons avec une proportion inhabituelle d'occidentaux) attendant avec impatience que les participants ne s'élancent... L'avantage, ici, c'est qu'il n'y a pas de voitures pour gâcher le spectacle, pas comme à Kanda! Et le spectacle, bien qu'assez court, valait vraiment le coup d'oeil : beaucoup de beaux costumes, de chevaux, de tambours, et trois grands mikoshis portés sur les épaules jusqu'au Tosho Gu... Dans ce cadre, ces chemins de pierre bordés de lanternes, les temples et sanctuaires richement décorés, entourés de cèdres monumentaux, c'est encore plus appréciable. Le plus impressionnant a été la montée de la volée de marches menant à l'intérieur du sanctuaire, quand les porteurs ont hissé les mikoshis à bout de bras pour franchir cet obstacle difficile. C'est une fois le défilé terminé qu'une petite pluie s'est mise à tomber, pas suffisament forte cependant pour me faire renoncer à une petite promenade avant de rejoindre la gare pour le trajet du retour. Quand nous sommes venus la première fois, c'était encore la saison des cerisiers en fleurs; nous avions vu les feuilles rouges de l'automne, et aujourd'hui Nikko était aux couleurs des azalées...

Nous avons remis ça ce week-end, tous les deux cette fois, avec une visite samedi après-midi à Asakusa pour le Sanja Matsuri. La cour du Senso Ji était noire de monde, remplie dans tous les coins de stands et de visiteurs... Très, très grosse affluence! Ce festival est renommé pour attirer chaque année environ deux millions de personnes, qui viennent en particulier voir les processions de mikoshis partir des différents quartiers de Taito Ku et se diriger vers le Senso Ji, puis revenir à leur point de départ. Au pied de la Hozo Mon, la grande porte marquant l'entrée du temple (à laquelle est suspendue une énorme lanterne de papier, aujourd'hui repliée pour laisser le passage aux sanctuaires portables), nous avons assisté au défilé d'une quinzaine de mikoshis sur la centaine au total... Un vrai bain de foule, les porteurs étant obligés de se frayer tant bien que mal un passage au milieu des spectateurs, repoussant plus ou moins difficilement les premiers rangs vers l'arrière. Les porteurs sembaient déjà exténués alors qu'ils n'en étaient qu'au début du parcours... Mais c'est une activité très physique, les mikoshis sont certainement déjà assez lourd comme ça, et il ne suffit pas de juste les porter, mais il faut se balancer au rythme des "Seiya, seiya!!" encourageants entonnés par les meneurs! Et c'est quelque chose qui laisse des traçes : nous avons vu certaines personnes avec de véritables boules de chair sur l'épaule, grosses comme des balles de tennis, là où le corps est en contact avec la poutre qui sert à porter le mikoshi...

Pour faire une petite coupure, nous sommes ensuite allés faire le tour des petites ruelles d'Asakusa, un peu de shopping dans ce quartier encore plus animé que d'habitude. Quelques découvertes culinaires intéressantes : les "karame", sortes de meringues préparées au pinceau (si, si) sur une petite poêle chauffée à vif, et des petits beignets frits, fourrés de pâte d'azuki, délicieux... Nous avons trouvés également une boutique proposant un choix énorme sur les tenues de matsuri : pantalons, vestes, tabi et geta, ceintures... Beaucoup de choix, mais également beaucoup de monde, une adresse à retenir plutôt pour une visite ultérieure. De retour au Senso Ji, nous avons assisté a quelques morceaux de Taiko avant de repartir vers la station de métro. Pour trainer encore un peu en ville et profiter d'une belle fin de journée, saut à Ginza s'imposait... Comme tous les samedis, Chuo Dori, l'artère principale, était fermée à la circulation (comme quoi c'est possible!), et il y avait de ci, de là quelques tables et chaises avec parasol... Pas encore Paris Plage, mais c'est un bon début!

Lundi 30 Mai 2005

A voté

Un petit week-end bien agréable... Après un samedi tranquille, juste occupé à faire un peu de shopping à Ikebukuro, nous sommes allés dimanche à Hiroo remplir notre devoir électoral. Ce quartier est assez dépaysant (peut-on dire repaysant?) : beaucoup d'ambassades occidentales (y compris celle de France, bien sûr) y sont implantées, et on pourrait en se promenant dans ses petites rues se croire dans un coin tranquille de Paris... La forte proportion d'occidentaux (particulièrement de Français ce jour là, mais c'était un peu particulier) renforce cette impression, on arriverait presque à considérer les Japonais qui passent par là comme des touristes en visite! En sortant de l'Ambassade, nous sommes allés prendre un petit expresso en terrasse au café Segafredo qui se trouve sur le chemin de la station, juste en face d'une boulangerie pâtisserie plus vraie que nature (où les éclairs au chocolat sont fourrés au chocolat et non pas à la chantilly, c'est assez rare pour le remarquer), un vrai bonheur! Aujourd'hui le temps s'est dégradé, annonçant peut-être ainsi le début de la saison des pluies. Au réveil, on a regardé les résultats du référendum sur internet, puis aux informations télévisées (japonaises uniquement, les JT du monde étant supprimés pour cause de match de base-ball), impressionnant...