Ambiances Nippones...

en images

Février 2005

Jeudi 03 Février 2005

Au pays du lancer de pois

Le 3 février au Japon, c'est "Setsubun", le passage au printemps d'après le calendrier lunaire. A cette occasion, on chasse les mauvais esprits qui tentent de s'incruster en début d'année, en leur lançant des pois, graines grillées, tout en criant Oni wa soto! Fuku wa uchi!, ce qui se traduirait par Les démons dehors ! Le bonheur dedans!... Cette tradition se déroule à la maison (en général le père se déguise en démon, et c'est l'occasion pour les enfants de lui jeter des graines à la figure, quelque chose qu'ils n'oseraient certainement pas faire en temps normal) et dans les temples et sanctuaires, où une cérémonie religieuse précède en général le lancer de graines, très prisé du public. Les festivités sont souvent accomplies par des célébrités, sportifs, stars de la télé, et les gens se pressent pour attraper tout ce qui est jeté, pois bien sûr, mais aussi parfois bonbons, fruits, petits souvenirs...

Cette année, Setsubun se déroule sur deux jours, deux occasions donc d'aller voir comment ça se passe... Mercredi, je vais à Akasaka, au Toyokawa Inari Betsuin. Bonne ambiance, moins de foule que l'année passée au Zojo Ji. La cérémonie commence par un défilé en costume traditionnel des participants, parmi lesquels se trouve Roho, un sumotori d'origine russe, situé actuellement dans le ventre mou (si l'on peut dire) du banzuke (le classement des sumos). D'autres célébrités sont là, qui déclenchent les applaudissements du public mais qui n'éveillent pas grand chose en moi (le seul personnage "connu" que j'ai reconnu, c'est parce qu'on le voit souvent dans la pub d'un produit nettoyant pour toilettes!). Tout ce petit monde se retrouve sur une terrasse dominant la cour, et c'est parti pour vingt minutes de lancer de pois. En attraper porte bonheur, et certains ont la technique pour : un grand sac levé au dessus de la foule!

Le lendemain, jeudi, je choisis un thème un peu différent : au Hosenji, Setsubun est précedé par "Sohei Gyoretsu", une procession en costume d'époque de moines soldats. C'est intéressant de voir la cérémonie bouddhique de purification par le feu, amusant de voir les gens se presser pour goûter à la coupelle de saké avant de se ruer aux premiers rangs devant l'estrade pour attraper les graines... En fait de graines, il s'agit aujourd'hui de cacahuètes et de mandarines (ce qui est plus dangereux, comme peut en témoigner la petite dame qui en a reçu une sur la tête), et ça a beaucoup de succès!

Samedi 05 Février 2005

Retour à Miyake Jima

Une histoire assez étonnante vue à la télé ces derniers jours : les habitants de la petite île de Miyake, située au sud de Tokyo, ont été autorisés à rentrer chez eux (sur l'île donc), près de quatre ans et demi après en avoir été expulsés. La faute à une éruption volcanique... Les gens (une vingtaine de familles, c'est une toute petite île) semblaient contents d'être enfin sur le chemin du retour, ce qui peut se comprendre. Il va y avoir du ménage à faire dans les maisons, relancer l'économie de l'île ne va certainement pas être simple... Mais le plus étrange c'est que 45% de la surface de Miyake Jima est encore interdite, polluée par des gaz volcaniques toxiques. Et une nouvelle éruption peut arriver n'importe quand... Du coup tout le monde doit se déplacer en permanence avec un masque à gaz. Le cliché "île paradisiaque" en prend un petit coup au passage!

Lundi 07 Février 2005

C'est le printemps!

Ou, en tous cas, ça en prend le chemin... Comme peut en témoigner ce prunus de Wako-Shi qui nous propose déjà quelques fleurs annonciatrices d'un redoux plutôt bienvenu. Et s'il fallait encore un signe, la télé commence à proposer sa "météo des fleurs", montrant région par région la progression de la floraison, qui arrive par le sud et remonte vers le nord du pays. Bientôt hanami...

Dimanche 13 Février 2005

Nouvel An Chinois

Le 9 février était le jour du passage à la nouvelle année, d'après le calendrier chinois. Passage de l'année du singe à l'année du coq... Il existe dans Tokyo une importante communauté chinoise, la plus forte concentration se trouvant dans un petit quartier de Yokohama appelé Chukagai. Et dans ce quartier, forcément, le nouvel an chinois se fête!

Je pars assez tôt pour rejoindre Chukagai tout en ayant le temps de trainer un peu le long de la baie de Yokohama. Pas mal de monde sur place, les ruelles de Chukagai sont colorées de lanternes jaunes et rouges, les drapeaux sont chargés de kanjis, les cuiseurs de bahn bao dégagent une vapeur appétissante. Les spectateurs se pressent vers le temple Kanteibyo, riche (trop?) en formes et en couleurs, pour y faire brûler quelques bâtonnets d'encens...

Le début du défilé est annoncé à grands coups de pétards, ce qui a le mérite parait-il de chasser les démons en plus de faire mal au oreilles, et dans la fumée envahissant les ruelles s'approchent enfin les dragons... Impressionnant de voir ces monstres de papier, déplacés par une équipe d'une demi-douzaine de porteurs, se frayer un chemin dans les ruelles de Chukagai, avancer, tournoyer, frôler les spectateurs dans une spirale dynamisée par les tambours et les pétards!

En plus des dragons passent des musiciens, des danseurs, des personnages surmaquillés, habillés de costumes colorés (dont un assez particulier, à la tête de cochon), et d'autres monstres encore, à la forme oscillante entre la chenille géante à poils longs et le Pokémon survitaminé. Une bonne ambiance donc, la danse des dragons chinois étant un peu plus festive que celle des lions shintos...

A la nuit tombante, je quitte Chukagai et ses lanternes pour rentrer tranquillement vers Minato Mirai en longeant la baie de Yokohama, le changement de décor est radical. Et les dragons chinois me trottent dans la tête pendant le voyage de retour vers Wako-Shi...

Mercredi 16 Février 2005

Quand la terre tremble...

Réveil agité (faut-il dire secoué?) ce matin... 4h46 tapantes, un tremblement de terre "longuement et fortement ressenti", comme on dit dans la presse, nous sort du sommeil. Une secousse qui dure plusieurs secondes (c'est long, plusieurs secondes, parfois), quelques cadres photos qui tombent, et nous restons là sans bouger, à attendre que ça passe en se regardant d'un oeil inquiet. Quelques questions traversent l'esprit : faut-il sortir? est-ce que c'est le bon, le gros, the big one? Puis les tremblements se calment, tout redevient étrangement tranquille... Une vérification rapide à la télé (qui transmet toujours en direct les infos dans ce cas là), l'épicentre n'est pas très loin, mais pas de dégâts et pas de tsunami annoncé. Difficile de se rendormir sereinement après ces émotions! On reste aux aguets, dans l'attente d'une nouvelle secousse qui ne vient pas...

Du coup petits yeux ce matin! En voyant le temps gris et froid, accompagné d'une pluie tenant presque de la neige, je ne peux m'empêcher de penser que je n'aurais pas aimé me retrouver dehors en pyjama, sans abri, et que j'aimerais mieux que le big one arrive en été - ce à quoi la miss m'a répondu qu'elle préférait qu'il n'arrive pas, ce qui finalement se tient. Elle me fait également une remarque très juste : nous commençons à comprendre l'angoisse de vivre à chaque instant dans l'attente d'un séisme important... Si ça continue, on va le faire, notre sac de survie préconisé dans les mesures d'urgence!

Dimanche 20 Février 2005

Archilab à Roppongi

Sous une petite pluie fine et froide, nous sommes partis faire un tour à Roppongi, au Mori Art Museum. Une visite qui commence forcément par le 53ème étage, panoramique, juste pour admirer une fois de plus la vue sur la ville... Malgré le temps gris la vue est assez dégagée, particulièrement sur la baie : on voit les avions se poser à Haneda, les navires à quai. A l'opposé, les montagnes du côté du Fuji-San sont bel et bien cachées sous les nuages... Puis, après avoir regardé Tokyo à 360°, nous attaquons l'exposition Archilab [], consacrée aux expérimentations architecturales dans la ville depuis l'après-guerre. Organisée par le Mori Art Museum et par le FRAC d'Orléans, l'expo fait la part belle aux architectes et urbanistes français et japonais, et c'est vraiment intéressant de voir les plans et maquettes, plus encore de voir ce qu'ont donné les projets réalisés... ou pas. On y voit par exemple une étude soumise pour la réalisation du TIF - qui reste l'un de mes bâtiments modernes préferés de Tokyo - qui fait vraiment apprécier encore plus ce bâtiment tel qu'il est!

Au pied de la Mori Art Tower, pour une fois, l'atelier de Joël Robuchon est ouvert... Nous y achetons (à prix d'or) une baguette à l'ancienne. Impossible de résister. Heureusement qu'elle est délicieuse! Puis c'est le retour vers Wako-Shi, avec une pause diner (ramen, bien sûr) à Ikebukuro. Et un petit passage éclair chez Bic Camera pour ramener "Densha de Go" à la maison! Au vu de nos premières tentatives la reconversion en conducteur(trice) de Yamanote n'est pas pour demain... Je reviendrai sur ce jeu plus longuement, parce qu'il est vraiment incontournable au Japon, et que c'est finalement une plutôt bonne surprise.

Vendredi 25 Février 2005

Ume Matsuri

Bonne surprise, ce mercredi : un vent chaud balaye le Kanto et apporte avec lui des températures printanières... Le ciel est au bleu fixe, le thermomètre avoisine les 20°, quel changement avec les autres jours de la semaine! Difficile de rester en place dans ces conditions, d'où une petite visite du côté de Ueno pour voir ce que donne le "Ume Matsuri" au Yushima Tenjin, un sanctuaire célèbre à cette saison avec ses dizaines de prunus... Il y a déjà pas mal de monde à errer de cette manière si typiquement japonaise (je prends le pli...) sous les branches, à la recherche de la photo parfaite de la plus belle fleur de prunus. Un peu plus loin dans la cour du sanctuaire, un spectacle de rue avec un singe est en train de se dérouler. Dans ce sanctuaire dédié à un illustre professeur, les emas débordent de partout sur leurs suspensions, accrochées là pour porter chance aux examens à venir. Quelques stands proposent de la nourriture, des souvenirs, comme toujours dans ces moments-là. Et je craque sur un petit bonsaï pour ramener à ma miss, histoire qu'elle puisse profiter elle aussi des prunus en fleur. J'espère qu'on arrivera à mieux s'occuper de celui-ci que de celui qui est resté en gardiennage quelques mois chez nous, à Rennes, et qui n'a pas survécu...

yushima tenjin yushima tenjin yushima tenjin yushima tenjin

Le Yushima Tenjin est à quelques pas du parc de Ueno, je continue la balade dans cette direction. Comme l'étang du Riken, le lac Shinobazu a été récemment entièrement nettoyé : les lotus qui pourrissent tout l'hiver sont coupés, les feuilles enlevées, seules les tiges sortent encore de l'eau. Dans le parc, toujours autant de canards, toujours autant de corbeaux... Pas beaucoup de prunus par contre, il faut encore attendre deux mois le tour des cerisiers. Pendant que le soleil descend derrière les buildings de Tokyo, je repars prendre le métro à Hongo Sanchome, direction Ikebukuro, puis Wako-Shi.

Nous terminons la journée avec une nouvelle secousse sismique... Rien à voir avec celle qui nous a réveillés il y a quelques nuits, mais ça devient un peu trop fréquent ces derniers temps. C'est à se demander si ce n'est pas tout le globe qui vibre, quand on voit, malheureusement, le nombre de séismes qui ont eu lieu ces dernières semaines un peu partout autour du monde. Dans la mythologie nipponne, le Japon est situé sur le dos d'un poisson-chat géant. Quand il n'est pas content, il bouge et la terre tremble... A croire que toutes les poissons-chat du monde se mettent à frétiller à l'unisson.

-> plus de photos dans la catégorie : Yushima Tenjin

Vendredi 25 Février 2005

Tokyo sous la neige

Depuis le temps que j'attendais ça... Voir Tokyo sous la neige! La miss est rentrée du labo jeudi soir en disant qu'il tombait une espèce de mélange pluie-neige assez désagréable, mais au bout de quelque temps ce sont de bons vrais flocons bien dodus qui ont commencé à recouvrir de blanc le Riken... Au réveil le lendemain matin, l'épaisse couche de neige est toujours là, mais il fait trop doux pour qu'elle puisse tenir bien longtemps. Je m'empresse donc d'aller explorer les environs... Au plus court, pour occuper juste la matinée, le plus simple me semble être une petite marche entre les stations Gokokuji et Ikebukuro. Je sors du métro vers onze heures, voir ce temple et les environs sous ce qui reste de neige est assez étonnant, en tous cas ça change l'ambiance du décor. Les corbeaux ne semblent pas perturbés pour autant, peut-être sont-ils juste encore un peu plus gueulards que d'habitude...

Les jardiniers eux, par contre, s'activent dans les allées du cimetière du Gokoku Ji et de Zoshigaya pour les nettoyer, ce qui ne semble pas évident avec leurs balais de branches. Les gouttières débordent, ce qui reste de neige fond vite, très vite. A tel point qu'en arrivant à Ikebukuro, je ne vois presque plus une trace indiquant qu'il a neigé dans la nuit... Il fallait en profiter rapidement, c'est fait.