Week-end à Narita, la ville située à quelques minutes de train de l'aéroport international - une ville que l'on traverse en allant prendre l'avion, en revenant, mais où on ne s'arrête d'habitude jamais. Le beau temps étant de la partie, un festival de tambours japonais (taiko) était prévu pendant le week-end, c'était donc une bonne idée... nous sommes arrivés à Narita un peu après quinze heures, après l'habituel trajet depuis Wako-Shi : Tobu Tojo Line, Yamanote Line, Keisei Line. La seule vision de Narita que nous avions jusque là, c'était l'aperçu fugitif de la pagode dominant la ville, des maisons juchées sur les collines, un centre ressemblant à tous les centres villes de banlieues tokyoïtes, organisé autour de la grande surface locale... Mais à peine sortis de la station, nous avons étés agréablement surpris : côté nord, la rue menant au grand temple Narita San (qui fait quand même partie des trois ou quatre temples les plus visités au Japon) est réservée aux piétons, elle est bordée de petites boutiques et de restaurants traditionnels, et l'ambiance de festival est des plus heureuses... Avant d'attaquer la visite du temple, nous voulions passer à l'auberge confirmer la réservation et déposer notre sac. Après une petite marche d'une vingtaine de minutes sur Omote-Sando, nous sommes arrivés au Kirinoya Ryokan. Le propriétaire, après nous avoir reçu très cordialement, nous a demandé ce que nous voulions pour le petit déjeuner (un peu désolé peut-être de voir que sa proposition de menu japonais n'avait pas beaucoup de succès), puis nous a indiqué le chemin le plus court pour rejoindre le parc situé au pied du Narita San. En nous précisant bien qu'il fallait vite profiter des cerisiers en fleurs...
Effectivement, le parc est splendide. La grande pagode au sommet de la colline est franchement décevante, construction de béton trop récente pour avoir un quelconque intérêt, de même pour le grand hall. Les autres bâtiments sont par contre pour la plupart assez anciens, très beaux, particulièrement la petite pagode à trois étages, très colorée, baignant dans la douce lumière du soir... Dans la cour principale, avec une foule assez importante, nous avons assisté à un spectacle de tambours : d'abord une troupe de Nakano, très classique, puis des musiciens-danseurs venus de Corée, pour une chorégraphie tres visuelle et rythmée, suivis d'une partie un peu décalée, très "Puy du Fou", assurée par des musiciens venant d'Okinawa, pour finir à nouveau par une démonstration classique de tambours, petits et gros. En repartant dans la ville à la recherche d'un resto de ramen (indispensable pour se réchauffer), nous avons eu une surprise très plaisante : tous les trottoirs bordant les boutiques et restaurants d'Omote-Sando étaient recouverts de petites bougies, seules à apporter un peu de lumière chaude dans cette rue autrement plongée dans le noir... Après ce bon bol de ramen tant attendu, dans un petit resto sympa (le genre où, en toute simplicité, on partage sa table avec d'autres pour un remplissage optimal de la salle), retour au ryokan pour une nuit un peu difficile : les chambres japonaises sont en effet trop sensibles à la lumière et au bruit...
Le dimanche matin, après un réveil (si l'on peut dire, quand on ne dort pas vraiment) matinal et une course à la douche avec un trio d'Américains, nous avons eu droit à notre petit-déjeuner non japonais (difficile de l'appeler vraiment "occidental"...) : omelette froide, thé vert et jus d'orange, toasts beurre et confiture, haricots rouges confits, soupe de maïs chaude, yaourt... Autant dire un festin! Difficile de finir, d'autant qu'on voyait l'heure passer et les plats arriver encore et toujours... Nous nous sommes finalement mis en route un peu après huit heures. Sur la route, alors que je prenais quelques photos rapides de la grande porte du Narita San (qui était plongée dans le noir hier), nous nous sommes fait klaxonner par une voiture, chose plutôt inhabituelle au Japon : en fait c'était le propriétaire du ryokan qui voulait absolument nous conduire à la station! Après quelques conseils avisés ("profitez aujourd'hui des cerisiers, demain tout sera tombé"), il nous a laissé partir.. Un drôle de bonhomme, en tous cas : il nous a dit ainsi qu'il descendait de la plus vieille famille de Narita, son nom étant "Chiba", comme la préfecture où se trouve la ville. Famille de samouraïs, bien entendu, comme c'était facile de le deviner à voir les nombreuses armures exposées dans son auberge...
Dans l'après-midi, de retour à Tokyo, nous avons décidé d'aller à Yoyogi, profiter (suivant ainsi les conseils de M. Chiba) des cerisiers en fleurs. Au Meiji Jingu tout d'abord, où nous sommes tombés sur un mariage traditionnel, puis du côté d'Harajuku ensuite : changement de style avec les costumes gothiques de sortie, de plus ou moins bon goût! Au Yoyogi Koen, la foule était vraiment impressionnante, massée là pour Hanami (je n'avais jamais vu autant de monde dans ce parc). Comme la journée n'était pas encore trop avancée (l'avantage de la commencer tôt), nous nous sommes ensuite dirigés en métro vers le cimetière d'Aoyama, avant de revenir à pied jusqu'à Harajuku prendre un verre en terrasse...
Et ce matin, peut-être pour secouer un peu les cerisiers et accélérer la chute des fleurs, on a eu droit à un nouveau tremblement de terre (l'épicentre était situé dans la région de Chiba, où nous étions ce week-end), pas ressenti très fortement chez nous, assez cependant pour nous réveiller...