Mercredi 3, encore une journée de grosse chaleur... Après les ambiances futuristes des buildings de Shinjuku, place aux vieux quartiers de Tokyo : dans la "Shitamachi", du côté de Yanaka. De Nippori, la station JR, nous avons commencés par rejoindre Yanaka Ginza : une rue commerçante à l'ancienne, où se succèdent les petites échoppes vendant des "senbei" (galettes de riz grillées), les boutiques d'artisanat, les restaurants et de minuscules magasins d'alimentation... Un endroit certainement animé en temps normal, mais avec la chape de plomb posée par ce soleil implacable de début d'après-midi, peu de commerçants étaient assez courageux pour rester sur leur pas de porte, prêts à lancer le traditionnel "Irasshaimase!"... Et vu le peu de monde dans les rues, c'est tout à fait compréhensible! En longeant quelques ruelles, nous sommes remontés sur le cimetière de Yanaka pour retrouver un semblant d'ombre et de fraicheur sous les nombreux arbres qui s'y trouvent. Cet endroit est toujours agréable, peuplé de chats paresseux mais farouches, qui grognent pour la forme avant de disparaitre derrière une pierre tombale si celui qui s'approche trop près a le malheur de ne pas avoir de nourriture à partager... Au son des chants de semi, nous sommes ensuite repartis un peu au hasard vers Kototoi Dori, en faisant quelques arrêts de temps en temps devant les nombreux temples qui bordent les ruelles. Le plus impressionnant d'entre eux est peut-être le Jomyoin, avec sa cour remplie de 84.000 jizos, statuettes alignées en longues rangées symétriques... La promenade s'est terminée de l'autre côté de Kototoi Dori, au Nezu Jinja. Nous sommes arrivés à ce sanctuaire sur la fin de l'après-midi, alors que le soleil commençait à descendre et à teinter ses lumières d'orange, se rendant de plus en plus supportable... J'aime bien le Nezu Jinja, il y règne toujours un calme déroutant, les bâtiments vieux de 300 ans sont assez splendides et l'allée de torii est des plus folklorique. Encore un coin qui fait partie des petites merveilles cachées de Tokyo...
Jeudi, nous avons continué dans la même veine : profitant d'une escale shopping à faire à Ikebukuro, nous sommes partis à travers les petites rues du quartier sud (Minami-Ikebukuro), surplombé par l'imposante hauteur du Sunshine 60. Il y a quelques petites perles dans les arrières d'Ikebukuro, comme le Kishibojin : ce sanctuaire construit en 1666, à la cour plongée dans l'ombre d'un somptueux ginko vieux de 600 ans, est le point de départ d'une promenade "historique" dans Tokyo. C'est donc là le départ d'une sympathique promenade pour rejoindre Otsuka : tout d'abord en longeant la Toden Arakawa Line, le dernier trolleybus encore en service dans la capitale, puis en traversant le cimetière Zoshigaya. Pendant la pause picnic entre deux allées bordées de pierres tombales, l'un des jardiniers du cimetière est venu nous causer, en japonais bien entendu : il voulait savoir si nous avions visité Kyoto (très beau, Kyoto) et Nikko, et surtout si nous étions allés à Disneyland Tokyo! En effet, pour lui, c'est l'attraction numéro un de la capitale nipponne, c'est à voir absolument, ici comme à Paris ou Hong Kong... Sans s'attarder à débattre d'un sujet pouvant s'avérer fâcheux, nous avons repris notre route assez rapidement vers le Gokoku Ji! Dernière étape de la promenade, ce temple, comme le Nezu Jinja ou le Kishibojin, fait partie des rares rescapés des différents tremblements de terre, incendies ou bombardements qui ont frappés Tokyo depuis un siècle... Après le calme de la balade, retour à l'agitation d'Ikebukuro : du côté est de la station, dans le périmètre délimité par Green Dori, Sunshine City et Meiji Dori, il y a en plus du Toyota Amlux et des boutiques de souvenirs, au moins quatre magasins Bic Camera. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit... Mais une étendue de choix proposés aux consommateurs à la recherche de produits multimédias qui ne peut que satisfaire les plus exigeants!
Vendredi 5, grosse excursion : la miss ayant réussi à prendre un jour de congé, nous sommes partis tous les quatre pour Hakone... Ce n'est pas de tout repos pour rejoindre cette destination touristique : depuis Shinjuku, il faut prendre tout d'abord un express sur la Odakyu Line pour rejoindre Odawara, puis Hakone Yumoto, au pied des montagnes, déjà plus de deux heures de trajet... Après un brunch dans un petit restaurant à l'ambiance légèrement british (tasses en porcelaine pour le "blend coffee" et petites cuillères dorées, tout de même) et quelques courses, nous avons continué le trajet avec le très spectaculaire Hakone Tozan Train, un petit train qui grimpe dans la montagne en s'enfonçant dans des passages étroits ou le long de larges pentes , sur une voie qui l'oblige parfois à repartir en sens inverse, le chauffeur traversant alors les wagons pour changer de direction... Notre train était un ancien modèle : pas de clim, mais plus de charme et la possibilité d'ouvrir les fenêtres, pour pencher la tête et se faire frôler par les massifs d'hortensias bordant la voie. En 35 minutes le train atteind Gora, 553 mètres d'altitude et point de départ du funiculaire qui s'élève de 200 mètres supplémentaires en neuf minutes, rejoindre Sounzan... Pour accéder au point culminant de l'itinéraire, Owakudani, il faut encore quelques minutes de trajet, en téléphérique cette fois.
Owakudani est un endroit assez étrange : autour d'un ancien cratère, se trouvent des mines de soufre, des bains chauds et des fumeroles à l'odeur si désagréable... La spécialité du coin est d'ailleurs préparée dans les eaux chaudes sulfureuses : il s'agit des "Kuro Tamago", des oeufs durs à la coquille noire qui sont sensés augmenter l'espérance de vie de sept ans (et guérir le cholestérol?). Quelques chemins de promenade étaient fermés, les vapeurs de soufre étant trop dangeureuses en ce moment... Nous sommes redescendus (toujours en téléphérique) jusqu'au lac Ashinoko, prendre le trop kitsch bateau pirate de croisière jusqu'à Moto-Hakone. Après la chaleur étouffante de la montagne, le vent frais du lac était un vrai bonheur... L'après-midi s'est terminé avec une visite du Hakone Jinja, perdu dans les cèdres en surplomb de la célèbre torii sortant des eaux du lac. Pendant que le soleil se couchait tranquillement du côté où doit normalement se trouver l'invisible Fuji San, nous avons rejoint Hakonemachi par l'ancien chemin bordé de cèdres (aujourd'hui surtout bordé d'une route très passante!) qui s'en allait jusqu'à Edo. Fin de journée particulière, avec le "Torii-Yaki Matsuri" : deux grandes torii brûlent sur le lac, pendant qu'un feu d'artifice illumine la scène et que des dizaines et des dizaines de lanternes flottent devant les portes, au gré du vent et du courant... Splendide! Business oblige, le spectacle a été coupé en deux parties, pour permettre de vendre deux tournées sur les bateaux pirates. Et vu les files d'attente, c'est un succès! Mais pour nous, pas de bateau pirate : nous avons abandonné le festival pendant cette pause, le dernier bus pour Odawara partant à 20h20... Et comme à chaque fois, le plus dur dans ce genre d'excursion, c'est le retour : nous sommes arrivés bien après minuit à la maison, dans la foule alcoolisée des derniers trains.
Samedi, petite journée : récupération de la veille et fin de shopping. Retour dans l'après-midi à Kappabashi et Asakusa pour quelques derniers achats avant la fermeture des boutiques. A la nuit tombée, nous sommes passés à Shinjuku faire le tour "by night" habituel, des étroites, sombres et enfumées "yakitori dori" à la large, vivante et bruyante Yasukuni Dori surchargée de tant d'enseignes lumineuses. Puis direction Ikebukuro, manger une bonne soupe de nouilles brûlante : les ramen sont tellement de saison!
Dimanche, nous sommes allés à Odaiba : il faisait tellement chaud que nous pensions nous rafraichir un peu avec l'air de la baie... Mais sans vent, et sous un soleil qu'aucun nuage ne cachait, la promenade au bord de l'eau a vite pris des allures de cagnard insoutenable! Nous sommes alors allés nous réfugier dans l'immense Tokyo Decks, qui contient entre autres deux étages reproduisant un petit Hong Kong... Impossible de déjeuner en terrasse (les parasols n'étaient même pas sorti), donc finalement le repas s'est fait dans le frais de la clim, devant une baie vitrée donnant sur le Rainbow Bridge et la skyline de Tokyo. Nous avons pensés un moment pousser jusqu'au building de la Fuji TV, atteindre l'observatoire, mais nous y avons renoncé en voyant la foule attirée là par le "Odaiba Bohken Oh", sorte de festival d'été de la chaine, avec plein de stands, de jeux, d'attractions... Retour donc sur Wako-Shi (avec un dernier passage à Akihabara, au cas où...) pour que nos visiteurs puisse profiter (au calme cette fois, dans un box à part) d'un dernier repas japonais chez Doma Doma, avant d'attaquer les valises...